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Rencontre Le juge est une femme

Agricultrice en Belgique, Martine Lambot a concrétisé sa passion pour l’élevage en devenant juge européen.

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Silhouette mince et visage concentré, Martine Lambot arpente un des rings du salon Agrimax, à Metz. Le geste économe mais précis, elle donne ses indications aux concurrents. En ce jeudi après-midi d’octobre, c’est elle qui note une section de génisses holsteins. Elle s’éloigne, se rapproche, tourne autour des animaux, jauge. « Il est plus compliqué d’évaluer des génisses que des vaches, car davantage de critères morphologiques entrent en jeu », explique l’agricultrice belge de trente-quatre ans, venue de son petit village de Sohier, en Wallonie. Les journées de cette jeune femme pleine d’énergie débordent pourtant : maman de trois garçons, dont un bébé de neuf mois, Martine exploite 80 hectares avec son mari. Une partie du lait des 75 vaches est transformé sur place et vendu en circuit court. En plus de ce travail quotidien déjà conséquent, le couple fait construire une maison et s’apprête à gérer un déménagement.

« Les concours, je suis tombée dedans toute petite, en suivant mon père », explique l’agricultrice. Elle participe en tant que concurrente, connaît la déception et les joies d’un bon classement. Jusqu’à devenir juge à son tour. Enchaînant les formations, elle est juge européen pour la race holstein depuis 2009.

Une bouffée d’oxygène

Désormais, Martine est sollicitée pour des concours comme la Foire de Libramont, l’ex-Eurogénétique à Épinal. « Notre métier est difficile, la charge de travail est lourde. Partir deux, trois fois par an, quelques jours, constitue une bouffée d’oxygène », souligne-t-elle. Elle dit être complémentaire de son mari. Un époux qui comprend son engagement, s’organise, même si les déplacements de sa femme sont plus rares depuis la naissance du petit Romain. Mais le couple peut aussi compter sur l’entourage familial, très présent.

Lors des concours, Martine tient à livrer ses conclusions à tous les concurrents, du premier au dernier. « Afin que personne ne reparte frustré et puisse s’améliorer », dit-elle. En tant que maman, la jeune femme a aussi ce souci d’équilibre. « C’est compliqué, mais je veux que mes enfants aient des activités, pour l’ouverture d’esprit. Je n’en ai pas eu dans ma jeunesse, et ça m’a manqué, confie-t-elle. Nous partons également en vacances, ne serait-ce que deux-trois jours par an. Pour que nos fils nous voient en dehors du contexte de la ferme. C’est important pour eux, et pour nous. »

Dominique Péronne

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